⁢Chapitre 7 : La stratégie du P. Fessard et de l’Église d’aujourd’hui

« G. Fessard s’efforce de montrer la dynamique plus profonde qui unifie même les adversaires les plus farouches. »[1]

Si nous sommes bien d’accord avec les post-marxistes pour souligner les tares du néo-libéralisme et pour dire que trop souvent « la démocratie [est] réduite à des procédures électorales »[2], nous ne comptons pas, comme eux, sur les mouvements de rue pour amorcer un processus de « cristallisation » des revendications.

La démocratie ne peut être refondée ni par les urnes ni par la rue.

Il faut dégager un « sens commun » écrit Chantal Mouffe. Nous, nous parlons de « bien commun » dans la mesure où il y a une « identité » à sauver dans l’homme, « un lien de nécessité, a priori » entre les hommes. De plus, nous partageons l’inquiétude des Anciens face à l’« esprit d’égalité extrême » et « au désir insatiable de liberté » qui fragilisent et pervertissent les démocraties. Nous refusons d’établir une frontière entre « eux » et « nous ». Qui est ce « nous » ? Il est constitué des « demandes hétérogènes », demandes sélectionnées car les mouvements « pro-vie » ou ceux qui contestent le mariage pour tous ou l’adoption d’enfants par des couples homosexuels, ne vont pas dans le sens souhaité de l’égalitarisme et de la liberté. Pour Benoît XVI, le bien commun, « c’est le bien du « nous-tous », constitué d’individus, de familles, de groupes intermédiaires qui forment une communauté sociale. » La frontière entre « eux » et « nous » maintient la lutte des classes non plus entendue comme entités sociales puisqu’il s’agit d’une lutte « hégémonique » entre l’oligarchie et le peuple qui se constitue. Rien n’est plus étranger à la pensée chrétienne qui non seulement insiste sur la fraternité native mais aussi sur la paix qui « se construit jour après jour dans la poursuite d’un ordre voulu par Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes »[3] La paix doit être « le fruit du développement intégral de tous ».⁠[4]


1. SERRA-COATANEA Dominique, Le défi actuel du Bien commun dans la doctrine sociale de l’Église, Etudes à partir de l’approche de Gaston Fessard s.j., Etudes de théologie et d’éthique, vol. 10, LIT Zürich, sd., p. 34.
2. Id., p. 96.
3. PAUL VI, Populorum progressio, n° 76, cité in FRANCOIS, Evangelii gaudium, n° 219.
4. FRANCOIS, id..