⁢b. Les Pères de l’Église

On appelle Pères de l’Église ces auteurs⁠[1] de l’antiquité chrétienne qui par leurs écrits et par leurs œuvres sont considérés par les chrétiens de toute confession comme des guides autorisés en fonction surtout de leur ancienneté et de leur orthodoxie face aux hérésies. certains furent évêques, papes. L’un ou l’autre fut proclamé docteur de l’Église.

Ils contribuent à l’élaboration de la doctrine sociale de l’Église dans la mesure où, comme on l’a écrit, ils ont jeté les bases solides de ce qu’on pourrait appeler le « droit du pauvre »[2]. Pour eux, la foi ne peut être séparée de la charité envers les pauvres pour qui l’Église a une attention prioritaire. Mais il n’y a pas de charité si la justice n’est pas d’abord pratiquée. Les Pères dénoncent les injustices (l’oppression, le luxe, le salaire insuffisant, l’inégalité, l’esclavage, etc.) et avertissent les riches, pour qu’ils ne se perdent pas, du danger de la richesse. Les Écritures leur enseignent que nous ne sommes pas propriétaires des biens de la création mais administrateurs car ils sont destinés à tous les hommes, fondamentalement égaux et sociaux par nature. La propriété privée est source de graves désordres si elle ne tient pas compte de ces limites importantes qui invitent au partage des biens.

Nous retrouverons ces réflexions au cœur de l’enseignement contemporain lorsque les souverains pontifes aborderont le thème du travail ou du développement des peuples.


1. Par exemple: saint Clément de Rome (Ier siècle), saint Polycarpe (IIe siècle), saint Ambroise (vers 333-397), saint Jean Chrysostome (vers 344-407), saint Basile (330-379), saint Grégoire de Nysse (vers 335-395), saint Augustin (354-430), saint Grégoire de Naziance (vers 330-390), saint Léon le Grand (Ve siècle), etc.. Cf F. Cayré, Patrologie et histoire de la théologie, Tome I, Desclée, 1927.
2. Cf. ANTONCICH et MUNARRIZ, op. cit., pp. 34-37.