⁢b. Un problème de langage

Il suffit d’ouvrir un dictionnaire reprenant le vocabulaire philosophique pour se rendre compte que le mot « nature » peut être entendu dans des sens divers et que les expressions précises « droit naturel » ou « loi naturelle » peuvent recouper des réalités très différentes si l’on se situe avant ou après les XVIIe et XVIIIe siècles⁠[1].

Beaucoup d’auteurs chrétiens l’ont compris et parlent plus volontiers de « valeurs », de « principes », de « fondements », de « normes », d’ »invariants ».


1. Un exemple parmi d’autres : le 25 juin 2001, lors d’un Colloque organisé à l’Assemblée nationale française à l’occasion du centenaire de la loi de 1901 relative au contrat d’association, le Président de l’Assemblée nationale, Raymond Forni, déclare que « s’associer, se grouper, s’unir, s’assembler, avant d’être une démarche politique, est un comportement instinctif, un droit naturel. (…) Le droit d’association, qu’est-ce donc ? La reconnaissance bien tardive de ce que disait déjà Aristote : l’homme est un animal politique, c’est-à-dire social. » (cf www.assemblee-nat.fr/evenements/loi1901-1.asp). Dans cette présentation, il est dommage que se soit glissé le mot « instinctif ». On pourrait conclure que tout comportement instinctif fonde un droit naturel. St Thomas, souvenons-nous, parlait d’ »inclination » (Ia IIae qu. 94 a. 4). Les biologistes contemporains lui donneraient raison puisqu’au sens strict, nous disent certains, il n’y a qu’un seul instinct chez l’homme: l’instinct de succion.