⁢Chapitre 3 : L’Europe, un modèle d’organisation régionale ?

La force de l’Europe, c’est le Christ
— Karl Leisner

[1]

Nous allons constater que la même perspective se retrouve au cœur des discours adressés à d’autres niveaux de pouvoir international . « Un mouvement irrésistible, disait Pie XII, pousse aujourd’hui les nations à s’unir afin de mieux assurer leur sécurité ou leur développement économique ; aucune ne peut prétendre rester dans l’isolement sans encourir pour elle-même des risques sérieux ou sans nuire à la communauté qui attend son appui »[2]. Et ce phénomène se vit aussi à la dimension des continents.


1. Cité par Jean-Paul II lors de la rencontre avec les jeunes au stade de la Meinau (Strasbourg), le 8 octobre 1988, in DC, n° 1971, 6 novembre 1988, pp. 1012. Karl Leisner (1915-1945) est un jeune militant chrétien allemand qui fut interné en 1939 et ordonné prêtre clandestinement à Dachau en 1944. Il mourut peu après sa libération et fut béatifié en 1996. Dans le même esprit, Jean-Paul II dira : « L’union entre la liberté extérieure et intérieure doit construire l’Europe de demain, la civilisation de l’amour et de la vérité ; et cette union se fonde sur le Christ, pierre angulaire. » (Homélie de la messe dans la basilique de Velehrad, 22 avril 1990, in DC n° 2007, 3 juin 1990, pp. 550-552). Et encore : « Sans Jésus-Christ, « puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1, 16), et son Évangile, il ne sera pas possible de bâtir une Europe unie dans une paix durable, dans la justice et dans la solidarité des individus et des peuples. L’Europe doit être plus qu’une communauté d’intérêts ; sur un plan plus profond, ses peuples ont une vocation commune à construire dans le Christ l’unique grande famille des enfants de Dieu. » (Discours lors de la célébration œcuménique à Debrecen (Hongrie), 18 août 1991, in DC n° 2035, 6 octobre 1991, pp. 835-836).
2. Discours à l’Union des villes et pouvoirs locaux, 30 septembre 1953.