Introduction

Nous allons, dans ce volume, étudier les conditions nécessaires pour que s’établisse davantage de justice sociale à l’intérieur des sociétés.⁠[1]

\1. Sans nier le moins du monde l’importance des structures, des systèmes et des lois, il est clair, ici comme dans l’établissement d’une authentique démocratie, que le facteur humain est essentiel, que de la qualité des hommes, de leur moralité, de leur perspectives philosophique ou religieuse, dépend le bien de la société. Sans une conversion permanente, car nous sommes faillibles, sans un amour sans cesse renouvelé qui nous pousse à établir de justes rapports avec les autres, les meilleures lois du monde resteront lettre morte, seront inopérantes ou détournées de leur vocation. Il est donc vain d’espérer plus de justice sociale si ne se développent un certain nombre de vertus appropriées, c’est-à-dire des habitudes d’action foncièrement bonnes et productrices de bien⁠[2].

\2. Pour bien apprécier la valeur de la proposition chrétienne, il n’est pas inutile de prendre le temps d’un parcours historique pour constater la difficulté qu’ont eue les hommes à estimer justement la valeur du travail, à marier sa pénibilité et sa nécessité, ses richesses et ses contraintes.

\3. Si le facteur humain est capital, si l’homme est bien un être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, investi donc d’une dignité particulière, nous devons le respecter dans quelque circonstance que ce soit, dans les relations sociales comme dans la vie économique. Or cet homme, est créateur, travailleur, à l’image même de son Créateur. Il nous faut donc affirmer la valeur du travailleur et du travail.


1. Bien conscients que le problème se pose aussi au niveau du monde, nous devrons l’aborder de nouveau, dans toute son étendue, dans le volume suivant consacré à la paix.
2. Cf. Saint Thomas, Somme théologique, Ia IIae, qu. 55, art. 1-4.