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vii. L’art du dialogue

Les trois dialectiques confrontent des positions antagonistes et appellent leur résolution. Quelles sont, dans la recherche d’une entente, « les conditions d’un dialogue véritable et efficace, fondement et moyen de fraternité entre les hommes » ? Selon quels critères engager un dialogue sur le plan social sinon en recherchant la justice et la paix ? Comment discourir rationnellement sinon en s’appuyant sur la vérité et la logique ?⁠[1] Au lieu de logique et de réciprocité, de bonne foi et de bonne volonté, à l’opposé, les idéologues cherchent à « séduire, compromettre, pervertir ou détruire ».⁠[2]

Autrement dit, le vrai dialogue n’est pas in fine une lutte à mort entre maître et esclave mais relève davantage de la lutte amoureuse pour aboutir à une entente, un accord, un « enfantement » « où se marient, dans la justice et la paix, les valeurs des blocs les plus opposés ».⁠[3] La médiateur, entre les opposants, cherchera ce qui les accorde et refusera leur partialité au risque, dans le pire des cas, face au refus, au mensonge, ou à la violence, d’être victime à l’image du Christ.⁠[4]

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Qui mieux que le chrétien peut exercer ce rôle ? Il est, en principe, particulièrement destiné, par sa foi et l’exercice de sa raison, à utiliser opportunément le méthode dialectique décrite, méthode qui comporte « d’une part un processus analytique qui, des faits concrets, extrait une réflexion sur l’existence et l’histoire, d’autre part une dialectique qui en définit les essences ou les catégories dites « historiques », les lie entre elles et les anime. »[5]

Autrement dit, il est celui qui peut marier philosophie et théologie, liberté de l’homme et liberté de Dieu, évangélisation et action politique.

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1. Id., p. 529.
2. Id., pp. 530-531.
3. Controverse entre le Pr J.-J. Mayoux et le R.P. G. Fessard, 1951-1952. Cité in F. LOUZEAU, op. cit., p. 532.
4. F. Louzeau, publie, en illustration, des extraits de la correspondance échangée entre le cardinal Désiré-Joseph Mercier (1851-1926) figure majeure de la résistance belge en 1914-1918 et le baron von der Lancken, chef du département politique du gouvernement général allemand pendant l’occupation. Dans cette correspondance, correspondance, le cardinal fait le tri entre l’inacceptable des exigences allemandes et ce que moralement les citoyens peuvent accepter « pour éviter des maux pires ». (Op. cit., pp. 809-813).
5. LOUZEAU, op cit., p. 445. Cf. également PETRACHE Ana, Gaston Fessard, un chrétien de rite dialectique ?, Cerf, 2017